Selon les sondages, les citoyens des pays riches sont désormais tous concernés par le réchauffement climatique et souhaitent massivement acheter responsable. La force de l’intentionnalité d’achat vert fait la une des médias, même aux Etats-Unis où Tiller LLC affirme que 49% des américains ont une “green résolution“ pour la nouvelle année et que 31 % d’entre eux de sentent coupables vis- à-vis de l’environnement. Nuançons cette prophétie. La compensation carbone annoncée comme un vent de folie aux Etats-Unis n’a généré en fait que 91 millions de dollars en 2007, et même si elle quadruple d’ici 5 ans tel que le prédit Ecosystem Marketplace, elle restera encore en deçà du marché du peanut butter.
Pour le moment, le profil de l’éco-citoyen est loin d’être le “monsieur et madame tout le monde“ des sondages, selon l’IFEN le profil de notre consomm’acteur français est “trentenaire diplômé(e) sans enfant propriétaire de son logement
et de catégorie socio-professionnelle supérieure“ et “40-50 ans avec enfants habitant une maison individuelle“.
D’ailleurs, l’éco-citoyen est-il dans un pays riche ? L’étude internationale de HSBC “Climate Confidence Index“ montre que les citoyens qui affirment faire des efforts sont avant tout dans les pays en développement. Les derniers motivés sondés sont les Anglais, sans doute une expression de leur pessimisme, seulement 6% d’entre eux croient à la possibilité d’arrêter le réchauffement climatique, contre 45% des Indiens. Bref, tous les pays et tous les citoyens ne réaliseront pas l’oracle de l’eco-Delphes. Pour preuve ici en France, le détergent vert le plus génial ne dépasse pas 1% de parts de marché, même chose pour le commerce équitable. Alors que faire ?
Eco-étiquetage des produits ? TVA eco-variable ? Quotas individuels ? Marché carbone pour kids ? Au Japon, l’idée de départ de la campagne Team Minus 6% était bonne : donner une carte à tout citoyen s’engageant à diminuer ses émissions de CO2 au quotidien (slogan : 1 personne, 1 jour, 1 kg de CO2 en moins). Suite à quoi les commerçants se sont mis à remettre des avantages commerciaux pour les détenteurs de la carte. La lutte dans la tête du Japonais entre le neurone consommateur et le neurone citoyen a eu le mérite de démarrer.
Alice Audouin
Article publié dans la lettre 2050, numéro janvier-mars 2008